Les masques chez les Bobo
Publié par Catherine Lancelot le
Les masques chez les Bobo
Le mythe bobo
Le dieu suprême des Bobo (ethnie de l’Ouest du Burkina Faso) est appelé Wuro.
Wuro créa l’univers et le premier homme : un forgeron. Il n’établit aucune hiérarchie entre tous les êtres vivants : dans la pensée bobo, les animaux et les plantes sont, à l'égal des hommes, dotés d'une sensibilité et d'une pensée.
Quand la création fut presque achevée et que les hommes allaient devoir prendre en main leur destin, Wuro délégua auprès d'eux son « fils », Dwo, pour que la rupture ne soit pas totale et qu’un rapport entre les hommes et Dieu subsiste. Dwo fut révélé couvert de feuilles au forgeron : vêtu de l’habit de feuilles qu’on retrouve sur les danseurs porteurs de masques.[1]
Les masques, objets sacrés
Pour les Bobo, c'est toujours Wuro, dieu suprême, qui agit derrière le masque. Le caractère sacré du masque tient de cette origine divine mais aussi de la croyance des Bobo en la présence réelle de Dwo dans le masque.
Celui qui obtient la faveur de porter le masque est pénétré de cette sacralité transcendante. Il « s’efface », il n'agit plus en tant que personne humaine, mais comme inspiré par la divinité elle-même, se confondant avec elle[2]. Il danse avec une énergie impressionnante, surhumaine.
Les masques réalisent l'intégration de l'individu dans la communauté humaine et assurent l'harmonie nécessaire entre l’humanité et les autres parties du cosmos.
Les masques dans le cycle annuel
Au moment des premières récoltes, et pendant toute la période consacrée aux échanges sociaux (de septembre à février), les masques sont absents du village.
Ils réapparaissent après plusieurs semaines occupées à régler les conflits sociaux et à réparer les transgressions, individuelles et collectives, commises par les hommes, en adressant des offrandes cérémonielles directement à Wuro.
Mars, lorsque les arbres retrouvent leurs premières feuilles, voit le retour des masques. Ils viennent accomplir la plus haute mission qui soit : grâce à leurs mystérieux pouvoirs, ils attirent sur eux les forces mauvaises accumulées au cours de l'année. Comme un aimant, les masques se chargent des maladies, des souffrances, des causes de conflits. Puis ils les emportent hors du village dans la brousse[3].
Les masques à tête en bois sculpté
Pour la fabrication des masques, les Bobo ont recours à des forgerons car c'est à eux que les premiers masques en bois ont été révélés [4]. Les forgerons ont un contact privilégié avec les esprits, des pouvoirs mystiques et ils sont les seuls habilités à travailler le fer et le bois. [5]
Les masques, qu'ils soient anthropomorphes ou animaliers, sont l'émanation d'un être spirituel qui ne possède par définition aucune forme précise, et le choix de l'une des apparences ne change en rien son sens profond. Le masque n'est jamais ce à quoi il ressemble…
[1] LE MOAL, Guy, 2008, Masques bobo, vie, formes et couleur. Paris, L'Harmattan, Connaissances des hommes, 215 p
[3] LE MOAL Guy, 2008, Masques bobo, vie, formes et couleur. Paris, L'Harmattan, Connaissances des hommes, 215 p
[4] LE MOAL Guy, 1980, Les Bobo : nature et fonction des masques. Paris, ORSTOM, 547 p